Où sont les amphithéâtres promis par le Président ?


UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

Où sont les amphis promis par le président ? 

Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a fait, pendant la campagne électorale de 2015, de grandes promesses au profit des universités du Burkina. Il a annoncé la construction de cinq amphithéâtres, dix salles de classes et cinq laboratoires équipés dans chacune des universités publiques. Le Premier ministre a même mis la barre plus haute. Dans son premier discours de politique générale, prononcé en février 2016, il a été formel : dix amphithéâtres de 500 places seront construits avant fin 2016. Qu’en est-il sur le terrain ? Notre constat.

Photo illustrative d'un chapiteau.


Près de deux ans après l’arrivée au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, aucun amphithéâtre n’a été construit à l’Université Ouaga 1 Pr Joseph Ki Zerbo. Les amphithéâtres annoncés auraient pourtant apporté une bouffée d’oxygène à cette université aux effectifs pléthoriques.  Selon le délégué général de la corporation ANEB, Youssoufou Ouédraogo, « cette lenteur dans l’exécution du projet a des conséquences énormes ». Le nombre d’étudiants croit, dit-il, chaque année.

Des pavillons du SIAO transformés en amphithéâtre

 «il n’y a que 20 000 places pour 70 000 étudiants.  Au point que certains étudiants sont obligés de suivre les cours dans des pavillons sur le site du Salon International De l’Artisanat De Ouagadougou (SIAO) », se désole M. Ouédraogo. Cette situation a également des répercussions sur le bon fonctionnement du SIAO. Certes, les pavillons sont loués par l’université et génère donc de l’argent, mais cela ne convient pas au Directeur général de cette structure, Dramane Thou. « La location mensuelle à l’université rapporte 1 500 000 FCFA par pavillon. Pourtant, de manière classique, ces pavillons sont loués entre 2 500 000 francs et 3 000 000 de francs CFA », affirme le DG. Et il ajoute que « les étudiants augmentent la consommation d’eau, d’électricité et les charges liées à la salubrité des lieux». En outre, la réhabilitation des salles en prélude aux
différentes éditions du SIAO sont retardées du fait de la
présence des étudiants sur le site. Autre problème : le ministère chargé de l’Enseignement supérieur « souhaite réquisitionner d’autres pavillons gratuitement car il ne dispose pas de moyens financier pour le moment », confie le DG du
  Dramane THOU, Directeur Général du SIAO. 




La situation est donc cruciale. Pourtant, le 5 février 2016, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba avait donné des gages d’assurance. Lors de sa Déclaration de politique générale devant les députés, il a été clair : les universités publiques, « jusqu’ici délaissées », seront « réhabilitées » et « transformées pour en faire des centres d’excellence, des pépinières d’élites et de cadres dont les compétences sont adaptées aux besoins de l’économie et de la recherche scientifique ». Dans cette optique, il a promis la construction de 26 amphithéâtres de 500 places dont 10 en 2016, 46 bâtiments pédagogiques dont 12 en 2016 et 24 laboratoires dont 5 en 2016. Dans son agenda, il y avait également la construction de six cités universitaires de 4000 lits dont 2 en 2017. Mais cet élan d’espoir a du mal à se concrétiser. Les infrastructures annoncées pour 2016 n’ont toujours pas vu le jour.

Des chapiteaux comme salles de cours

 Du côté des autorités universitaires, on tente, de concert avec la Présidence du Faso, de trouver des solutions palliatives. Comme pour consoler les étudiants, le Directeur des études et de la planification de l’université Ouaga I, Pascal Ouédraogo, affirme que le gouvernement prévoit l’installation de deux chapiteaux d’une valeur de 80 millions de francs CFA chacun.
Pascal QUEDRAOGO Directeur des études et de la planification de l'U.O.
Ces chapiteaux seront offerts, dit-il, par la Présidence du Faso. Un troisième est annoncé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Selon Pascal Ouédraogo, chaque chapiteau, « grande tente mobile et pliable », devrait permettre de contenir 1000 étudiants ». Et il est confiant : « Ce projet sera un succès ; il a déjà fait ses preuves à l’université publique du Gabon ».
Cependant, au sein de l’Université Ouaga1 Pr Joseph Ki-Zerbo, de plus en plus des voix s’élèvent pour interpeller le gouvernement. Le premier ministre a affirmé, il y a à peine un mois, que la réalisation du Programme national de développement économique et social (PNDES) est à 47%. De nombreux étudiants se demandent donc si les promesses faites par l’Exécutif seront vraiment réalisées.
Angeline SAVADOGO.                                                                                                    


                                                                                        


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