QUELS ENJEUX POUR L'AFRIQUE ?

 



CONFLITS RUSSIE - UKRAINE : 

QUELS ENJEUX POUR L'AFRIQUE ?

Les facteurs ayant favorisé la guerre  sont de divers ordres : historique, sociologique, linguistique et culturelle, puis politique (Crise de 2004 / 2010- 2014). A cela s’ajoute l’annexion / réunification de la Crimée, la crise dans le Donbass, les facteurs géopolitiques et géostratégiques, l’affirmation de la souveraineté de l’Ukraine et l’expansion de L’OTAN aux portes de la Russie 


Ces multiples facteurs ont donné naissance à une guerre d’influence et de puissance entre la Russie et les USA et leurs alliés respectifs par le tansnationalisme des rapports entre les États. 


La guerre Ukraine - Russie, qui semble loin du continent africain, comporte cependant des enjeux importants de pour l’Afrique


 LES ENJEUX ÉCONOMIQUES 


Plusieurs pays s’approvisionnent essentiellement en produits agricoles russes et ukrainiens, notamment le blé (Food power ). En effet, 25 pays africains importent plus du tiers de leurs besoins en blé des deux pays actuellement en conflit ; meme que 15 d’entre eux en importent même plus de la moitié. 


Au delà du blé, il est bon de rappeler que la Russie est le 4eme importateur du thé Kenyan, avec une importation estimée à plus de 50 millions d’euros 


LES ENJEUX ÉNERGÉTIQUES


Le Nigeria est plongé dans la plus importante crise énergétique de son histoire. Le pays est en panne d’électricité sur toute l’étendue de son territoire. Le Nigeria n’est pas autosuffisant en électricité et les populations ont l’habitude d’utiliser des générateurs alimentés au fuel.  Or la guerre a fait bondir la demande en carburant, ainsi que les prix, plongeant le pays dans une grave crise économique.


A ce niveau, il est a noter les risques de tensions sociales et d’instabilité politique. Les revendications, les marches de protestation ont déjà eu lieu dans certains pays de l’Afrique pour dénoncer l’inflation et protester contre la vie chère. Toute chose qui rappelle les années 2008-2009 avec les révoltes du printemps arabe, ainsi que la chute du président Omar El Béchir au Soudan, qui a plongé le pays dans une profonde crise. 


LES ENJEUX SÉCURITAIRES

 

La guerre en Ukraine pourrait affecter la lutte contre le terrorisme et la coopération militaire car la Russie est un acteur important du marché africain de la sécurité. De 2016 à 2020, elle a fourni 30 % des armes aux les pays d'Afrique subsaharienne.


Depuis 2017, elle a signé des accords de coopération militaire avec 20 pays d'Afrique subsaharienne, contre seulement 7 de 2010 à 2017. 


On note deja, le départ du contingent Ukrainien de la MUNUSCO, qui perd  le tiers (1/3) de sa flotte d’hélicoptères


 LES ENJEUX MIGRATOIRES ET SUR L’ENSEIGNEMENT


Plusieurs étudiants nigérians, ghanéens, somaliens … font partis des centaines de ressortissants étrangers bloqués dans la ville de Sumy, au nord-est de l’Ukraine, le constat est le même dans les autres villes de l’Ukraine. Les operations de rapatriement des ressortissants africains sont toujours en cours. 


Le Maroc totalise à lui seul  plus de 10.000 résidents en Ukraine dont 8.000 étudiants, le Ghana plus de 1000 ressortissants. Un retour éventuel de tous ces africains pourrait avoir un impact social et structurel sur ces pays. 


Un tel afflux d’étudiants pose naturellement des difficultés pour leur prise en charge et la préoccupation des mesures alternatives d’accompagnement  pour la poursuite de la carrière universitaire de ces étudiants. 


LES ENJEUX DIPLOMATIQUES

Nous assistons à la remise en question de la suprématie de l’occident sur les relations internationales notamment sur les questions militaires.

Les pays africains subissent déjà des pressions de la part des deux parties concernant leur position sur la guerre en Ukraine. A cet effet le 18 mars aux nations unies, l’ambassadeur américain Linda Thomas-greenfield a déclaré que les "états africains ne pouvaient pas rester neutres sur la guerre en ukraine"

DES OPPORTUNITÉS POUR L’AFRIQUE ?  

L'Algérie est déjà en négociations avec des pays européens afin d’augmenter ses exportations de gaz. 

Il est à préciser que  12 % du gaz importé par l’UE par gazoduc provient d’Afrique. L’Algérie exporte 21 Gm³ par gazoducs vers l’Italie (55 %) et la péninsule ibérique (45 %) tandis que la Libye envoie 4,2 Gm³ en Italie. Et pas moins de 50 % du GNL que l’Europe importe est issu du continent, ce qui équivaut à 56 Gm³, provenant du Nigeria (50 %), d’Algérie (27 %), d’Angola (11 %), d’Égypte (4 %) et d’autres pays africains (8 %).

Aussi , certains pays producteurs d’hydrocarbures pourront profiter d’un effet d’aubaine

QUELLE POSTURE ADOPTER ?

L'Afrique devrait se démarquer de la guerre géo-informationnelle, diversifier les sources d’information et se forger sa propre opinion. 

Elle devra également éviter l’alignement systématique ( ni pro-russe, ni pro-occident). L'Afrique doit faire ses choix uniquement en fonction de ses intérêts géopolitiques et géostratégiques.

Pour paraphraser Nelson Mandela, les ennemis de l’OTAN ne doivent pas être systématiquement nos ennemis, et les ennemis de la Russie ne doivent pas forcément être nos ennemis. 

Actuellement, le positionnement des pays est conditionné par leurs intérêts, en témoigne les exemples suivants : 

- les USA, Malgré leurs divergences avec le Venezuela, sont dans une politique de rapprochement avec celui-ci ;  

- Israël, allié des USA, se rapproche de plus en plus de la Russie ;

- l'Allemagne, dépendante du gaz Russe, s’oppose à certaines sanctions contre la Russie 

C’est le moment propice pour L’Afrique, au regard des opportunités sur le gaz et le pétrole, de veiller à avoir un partenariat gagnant et poser ses conditions. 


L’Afrique sera le prochain terrain de la guerre d’influence de cette nouvelle guerre froide, nous devons être solidaires et unis. Elle n’a plus d’excuses pour ne pas faire des choix stratégiques.


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