Boulevard des Tansoba ou la Circulaire mortelle.
ACCIDENTS SUR LA CIRCULAIRE
Une
situation très préoccupante
Les accidents de la route sont de
plus en plus nombreux dans la ville de Ouagadougou. Selon l’Office national de
Sécurité routière (ONASER), la capitale burkinabè a enregistré 10 475 cas d’accident
en 2016. Le boulevard des Tansoba, communément appelé «la Circulaire », est
particulièrement dangereuse. C’est du moins sur cette avenue qu’il y a le plus
d’accidents. Elle connait une forte fréquentation des véhicules « poids lourds »,
des remorques, des semi-remorques et des citernes. « Cela accentue le nombre
d’accidents », note l’ONASER.
Accident meurtrier sur la circulaire, faisant état de quatre morts, le 04 Aout 2017.
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Le dernier rapport de la Police
municipale, datée de mars 2017, et qui fait plutôt état de 6845 accidents dans
la ville de Ouagadougou, fait pratiquement le même constat concernant la « Circulaire
» : 158 accidents recensés en 2016 mais il s’agit de l’axe « le plus
mortel ». Selon les dernières statistiques, rien qu’au mois d’août 2017, 9
personnes ont perdu la vie en moins de deux semaines, du fait d’accidents qui
se sont produits sur ce boulevard.
Cela a pratiquement créé la
psychose au sein des riverains. Au point que certains d’entre eux lient cette «
situation alarmante » à de la superstition. Souleymane Ouédraogo, mécanicien au
bord de l’avenue depuis plus de 20 ans, affirme ainsi que « cette voie est mystérieusement
minée par des forces surnaturelles en quête de sang frais humain !».
L’avis des spécialistes
L’opinion
des riverains n’est pas partagée par les hauts responsables de la Direction
générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM). Le directeur des Etudes
et de législation, Mahamoudou Zampaligré, égrène des causes multiples. Le texte
qui régit la circulation et le stationnement des « poids lourds »
dans la ville de Ouagadougou est « caduque », même « s’il est toujours en
vigueur ». Ce texte (Raabo N°177) date
de mars 1989. Il indique que la circulation des « poids lourds » n’est autorisée
de 20h00 à 5h 00. Et celle des « poids lourds de livraison », de e 8h30 à 11h30,
de 13h à 14h30, de 15h30 à 17h et de 18h30 à 5h.
Mais cette
réglementation est aujourd’hui considérée comme obsolète. « Elle prenait en
compte le périmètre urbain de l’époque. Mais avec l’urbanisation progressive de
la ville, nous sommes, aujourd’hui, au-delà du périmètre évoqué dans ce
Mahamoudou ZAMPALIGRE, Directeur des tudes et de la législation du DGTTM |
texte », affirme Mahamadou Zampaligré. « A
l’époque, la Circulaire était considérée,
dit-il, comme voie de contournement hors de la ville pour les poids lourds et les semi-remorques ;
la circulation était fluide ; les usagers se déplaçaient sans danger. Mais
aujourd’hui, cette voie se retrouve en pleine ville ».De plus, l’adoption de la « journée
continue » dans l’administration publique change les heures de pointe. L’avenue
des Tansoaba est très fréquentée entre 16h et 19h. Or, les gros véhicules sont
autorisés, selon le texte en vigueur, à circuler pendant une partie de cette
période.
Des perspectives prévues pour
décembre 2017
selon le
directeur des Etudes et de la législation de la DGTTM, des solutions sont en
train d’être trouvées. Il est prévu la relecture du texte daté de 1989. « Il
nous faut l’adapter aux réalités du moment », confie-t-il. A cela s’ajoute la construction
d’infrastructures adéquates. Des
concertations ont été entamées, depuis 2015, avec les acteurs concernés, notamment
le ministère des Transports, les collectivités territoriales, la
gendarmerie et la police nationales, la brigade des sapeurs-pompiers. Mais
aussi les organisations de la société civile, la ligue des consommateurs, le syndicat
des transporteurs routiers et des commerçants. Un projet d’arrêté interministériel
est également en gestation. Il devrait remplacer le Raabo de 1989 et faire en sorte que les voies de contournement soient
hors de la ville. Le ministère des Transports a aussi mis en place une
commission ad’hoc. Objectif, réfléchir sur les questions relatives à la réhabilitation
des voies au regard du niveau d’urbanisation croissant. A en croire le directeur des Etudes et de législation,
l’atelier de validation prévu en décembre prochain, devrait permettre d’engager
des actions énergiques contre le « fléau des accidents mortels».
Encore
un mort
Au moment où nous bouclions cet
article, le 5 novembre, un accident mortel s’est produit sur la Circulaire, en
face du Village artisanal. Un camion
a écrasé un jeune homme d’environ 25 ans. Ce dernier, qui roulait à moto,
tentait de traverser la voie lorsqu’il a été fauché par le véhicule.
Angeline
SAVADOGO.
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