Analyse des enjeux du retrait du Burkina Faso de l’African Growth and Opprotunities Act (AGOA)

 Analyse des enjeux du retrait du Burkina Faso de l’African Growth and Opprotunities Act (AGOA)

 


L’AGOA :  African Growth and Opprotunities Act ou en français loi sur la croissance et les opportunités en Afrique est une loi votée par le congrès américain depuis les années 2000 (18 mai exactement) qui permet à certains pays d’Afrique subsaharienne éligible, de bénéficier d’un accès libre de droit de douane pour certains produits. L’objectif visé à travers l’AGOA est de permettre aux pays les moins avancés d’Afrique à faire face aux effets néfastes de la mondialisation et garantir une stabilité politique et économique. Ainsi, environ une quarantaine de pays bénéficient de l’applications de l’AGOA en Afrique. Contrairement à ce que certaines personnes pensent, l’AGOA n’est pas un accord commerciale bilatérale. C’est une aide mise en place par le gouvernement américain pour les Etats qui remplissent les conditions notamment en termes de mise en œuvre de réformes économique (ouverture de marché), politique (démocratie) et de respect des droits de l’homme (normes OIT). De manière concrète, trois (3) filières sont concernées par l’AGOA. Il s’agit des produits alimentaires (sésame, anacarde, etc.), le textiles (coton, tissus, vêtement, etc.) et les produits pétroliers. 1800 produits sont répertoriés dans les lignes tarifaires de l’AGOA qui s’ajoutent aux 4600 autres produits qui bénéficient déjà d’exonération dans le cadre de Système de Préférence General (SPG) des Etats Unies.

 

Impact économique de ce retrait sur le Burkina Faso ?

 

Les grands bénéficiaires de l’AGOA en Afrique sont le Nigeria et l’Afrique du Sud. Il faut rappeler que le Burkina Faso a fait son entrée dans la liste des pays bénéficiaire depuis 2004. Depuis lors, le poids de nos exportations à l’endroit des Etats-Unis est toujours en dessous de 1% en moyenne. Aussi, si vous observez les statistiques même sur l’évolution de nos exportations vers les Etats-Unis depuis son entrée dans l’AGOA, on constate que son niveau n’a pas beaucoup bougé mais reste surtout très instable d’une année à une autre. L’impact pourrait être mesuré par la perte de compétitivité de nos produits (sésames, anacarde, coton, etc.) aux Etats-Unis. Les manques à gagner pourraient concerner directement les entreprises exportatrices de ces produits vers les Etats-Unis. Mais au niveau macroéconomique, l’impact est mineur. Enfin, des mesures de résilience en termes d’intelligence économique devraient être envisagées pour que cela n’influe pas beaucoup sur l’image du pays dans le cadre des notations et le risque pays.

 

Impact sur le plan géopolitique

 

En relation international, il y a ce que l’on appelle soft power. Le soft power est un concept développé par un Américain du nom de Joseph Nye qui prône la domination et l’influence à travers des mesures plus douces telles que la culture, l’économie, la politique, etc. L’AGOA pourrait être considéré comme un outil d’influence extérieur des États-Unis vers les pays de l’Afrique subsaharienne. L’AGOA vise à inciter des reformes qui entrent dans le cadre de la vision du gouvernement des Etats-Unis. En rappel, le Burkina n’est pas le premier à être exclu de l’AGOA. Le Mali, l’Ethiopie et la Guinée sont exclus depuis janvier dernier. Le message que Washington envoie au Burkina Faso est « un rappel à l’ordre » par rapport à leur vision de la démocratie et des droits de l’homme. Il s’agit aussi d’une certaine méfiance quant à un éventuel rapprochement entre Ouagadougou et Moscou. Enfin si vous m’avez bien suivi, je disais que l’AGOA est une loi du gouvernement américain, la suspension est vue comme une prérogative interne visant à sanctionner ou rappeler à l’ordre un partenaire. 

Pour conclure, il appartient au Burkina Faso de déployer sa capacité d’influence au sein du système américain qui, contrairement à ce que les gens croient, n’est pas un système imperméable. Lorsqu’un partenaire modifie sa position envers nous, nous devrons être capables de répondre en retour

 

 

 

               Béninwendé Emile Nana, Secrétaire chargé des finances de la société burkinabè de géopolitique 

Extrait de l’entretient avec Libre info

 

 

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